Séance 1 :
16 janvier 2024 : La grande guerre et les humanités numériques : perspectives pour le post-centenaire (10h-12h)
Pendant les commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale, en France comme à l’étranger, de multiples projets et initiatives d’humanités numériques ont vu le jour. Certaines proposaient la mise en ligne et annotation de sources (Mémoire des Hommes, Grand Mémorial, Un jour un poilu, par exemple), alors que d’autres mettent à disposition du grand public des discussions historiographiques (14-18 Online). La fin du Centenaire a vu non seulement la fin des possibilités de financement de ce type de projet, mais aussi une décroissance de l’intérêt public qui a, à son tour, mis à mal le processus de « produsage » qui caractérise les initiatives numériques, et ceci malgré le développement de protocoles pour assurer le stockage et la reproduction des données mis en place par des consortiums comme HumaNum. Cette séance a pour but de discuter le futur des projets qui ont vu le jour pendant les commémorations ainsi que des possibilités de développer de nouvelles initiatives qui ne soient pas dépendantes de l’effervescence scientifique que les études de la Grande Guerre ont connue entre 2014 et 2018.
Intervenants : Fréderic Clavert (Sorbonne Université) et Valérie Beaudouin (EHESS)
Organisatrice : Julia Ribeiro S. C. Thomaz
Séance 2 :
13 février 2024 : La place des Amériques dans le nouvel ordre mondial d’immédiat après-guerre (16h-18h)
La Grande Guerre bouleverse les relations internationales non seulement des belligérants mais aussi des pays neutres. Lorsqu’elle prend fin, les principales puissances souhaitent inaugurer une nouvelle ère où la diplomatie et le multilatéralisme permettraient un nouvel ordre du monde, éloigné des conflits. La Conférence de la Paix puis la Société des Nations poursuivent ces objectifs. La projection de ce nouvel ordre mondial provoque des réactions dans des espaces laissés jusque-là de côté du centre névralgique européen, notamment les Amériques. Le président des États-Unis, Woodrow Wilson est d’ailleurs le principal initiateur de ce projet de nouvel ordre du monde mais les États latino-américains connaissent également de grands espoirs face à ce renouveau annoncé. En quoi les Amériques perçoivent-elles la sortie de guerre comme une opportunité pour trouver leur place sur la scène internationale ? Quels espoirs suscitent les moyens mis en oeuvre pour intégrer ce continent à la marche du monde après la guerre ? Quelles limites et déceptions s’observent dès les premières années 1920 ? Cette discussion permettra de s’intéresser aux conséquences de la Première Guerre mondiale dans un cadre chronologique et géographique élargi.
Intervenants : Ludovic Tournès (Université de Genève) et Thomas Fischer (Katholische Universität Eichstätt-Ingolstadt)
Organisatrice : Elodie Lenoël
Séance 3 :
12 mars 2024 : Alimentation et goût en temps de guerre (16h-18h)
Au croisement des approches culturelles, économiques et sociales, l’alimentation permet de réinvestir la question de l’endurance des sociétés belligérantes : en quoi le goût et le coût des aliments sont-ils liés à une « slow violence », concept récemment développé par Alan Kramer ? Comme l’a soulevé Heather Perry, bien que les liens entre approvisionnement et stabilité politique ont été étudiés, une lacune historiographique persiste concernant la signification culturelle, sociale et émotionnelle de l’alimentation. Cette question toujours actuelle de l’expérience du manque en temps de guerre est à présent examinée par une nouvelle génération de chercheurs.
Intervenants : Davye Cesbron (EHESS) et Jonathan Slater (Columbia University)
Organisatrice : Nina Régis
Séance 4 :
9 avril 2024 : L’extension de la guerre à l’arrière et aux civils (16h-18h)
Bien que les champs de bataille et notamment les tranchées constituent les lieux par excellence de la Grande Guerre, elle ne se déroule pas uniquement au front. La guerre se totalisant de plus en plus, la participation de la population entière est primordiale afin de maintenir l’effort de guerre dans les pays belligérants. En 1914-1918, la population non-combattante est impliquée dans la guerre à une échelle sans précédent et entièrement mobilisée. Les civils subissent l’occupation, la violence directe des soldats ennemis et doivent faire face à des bombardements, doivent se déplacer (volontairement ou involontairement), affrontent la hausse des prix, la pénurie des matières de première nécessité et participent massivement à l’effort de guerre. De plus, la vie de la population non-combattante dans la zone du front, ou à n’importe quelle distance de celui-ci, évolue considérablement au cours du conflit à l’Ouest, à l’Est, dans les Balkans ou en Orient, ainsi que dans les années qui suivent. Malgré son importance, l’expérience civile reste souvent dans l’ombre et n’est que peu étudiée dans toute sa complexité. La séance envisage ainsi de voir comment les recherches actuelles traitent de l’expérience de guerre des civils non combattants durant le conflit et dans l’immédiat après-guerre.
Intervenantes : Lisa Kirchner (Universität Wien) et Chloë Pieters (University of Oxford)
Organisateurs : Solène Amice et David Hager
Séance 5 :
14 mai 2024 : Une très grande Grande Guerre sur mer (14h-16h)
L’expérience des tranchées polarise l’essentiel de l’attention des historiens de la Grande Guerre autant que du grand public. On en oublie que la Première Guerre mondiale s'est aussi jouée sur – et sous – les mers : guerre sous-marine, convois de matériels et d’hommes venus d’outre-Atlantique, blocus contre les Empires centraux sont tout autant de moments clés du conflit. La Guerre navale reste pourtant encore à l’écart des derniers renouveaux de l’historiographie de la Grande Guerre. L’objectif de cette séance de séminaire est donc de renouer le dialogue entre historiennes et historiens de la Grande Guerre et du domaine naval dans toute sa diversité : la guerre sur mer, les ports et les arsenaux, les flottes et les marins, etc.
Intervenants : Agathe Couderc (Sorbonne Université) et Thomas Vaisset (Université Le Havre Normandie)
Organisateurs : Gwendal Piégeais et Erwan Le Gall
14 mai 2024 : La guerre dans les Balkans (16h-18h)
Plusieurs travaux récents ont cherché à renouveler notre connaissance des fronts balkaniques de la Grande Guerre, en mettant notamment l’accent sur les parcours et expériences individuels, sur l’action de l’État à l’échelle locale, profitant également de la dynamique mémorielle et éditoriale du Centenaire. L’espace balkanique pousse notamment à réinterroger la notion de mobilisation à travers l’inscription de cet espace entre des projets nationaux jeunes et concurrents et des dynamiques impériales et post-impériales. À ce titre, les recherches récentes ont mis l’accent sur les circulations d’individus, de pratiques, de concepts entre les États balkaniques mais aussi entre les Balkans et les grandes puissances, avant et pendant la guerre : ces États construisent leur effort de guerre en s’inspirant, en réélaborant (voire parfois en se voyant imposer) des modèles issus des grandes armées occidentales et à ce titre leur étude nous pousse à repenser les concepts déployés dans l’étude des fronts occidentaux. Enfin, la guerre dans les Balkans est à plus d’un titre une « plus grande guerre » : débordant les bornes chronologiques de 1914-1918, elle laisse des effets profonds sur la région à long terme, qu’il s’agisse des redécoupages politiques, du sort des divers groupes de réfugiés, des fortes tensions sociales internes de l’entre-deux-guerres ou des rivalités territoriales entre États balkaniques.
Intervenants : Jovo Miladinović (Universität Konstanz) et Charalampos Minasidis (University College Dublin)
Organisateur : Alexandar Arroyo