Penser les sociétés et les pouvoirs avec Max Weber vers une "Science de la réalité" ?

Von
Wolfgang Asholt

Programme 2020 : un des colloques
PENSER LES SOCIÉTÉS ET LES POUVOIRS AVEC MAX WEBER
VERS UNE "SCIENCE DE LA RÉALITÉ" ?

DU SAMEDI 29 AOÛT (19 H) AU SAMEDI 5 SEPTEMBRE (14 H) 2020

https://cerisy-colloques.fr/maxweber2020/

[ colloque de 7 jours ]
Illustration du colloque "Penser les sociétés et les pouvoirs avec Max Weber" (2020)
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DIRECTION :

Félix BLANC, Raphaëlle LAIGNOUX, Francisco ROA BASTOS, Victor STRAZZERI

ARGUMENT :

Depuis un siècle, les travaux de ce grand savant allemand servent de référence aux sciences humaines et sociales. Fondées sur l'étude approfondie de différentes périodes historiques (de l'Antiquité grecque et romaine à la modernité occidentale, en passant par plusieurs cultures orientales), ses analyses de la construction des groupes sociaux (religieux, économiques et politiques), des motivations de l'action sociale ou encore des modes de légitimation des pouvoirs, permettent d'articuler l'étude des structures macrosociales et celle des actions individuelles dans toute leur complexité. Ces travaux comparatifs offrent, aujourd'hui encore, et peut-être plus que jamais, des outils précieux pour analyser notre temps. Pour peu qu'elle soit lue, discutée, voire critiquée, l'œuvre de Max Weber, un siècle après sa mort, ne cesse de remuer la pensée.

Ce colloque aura donc pour objectif de proposer un examen collectif des divers apports des travaux de Max Weber, et des usages qui peuvent en être faits pour mieux comprendre les sociétés contemporaines. Il s'agira d'évaluer le programme de connaissance wébérien, qui vise à jeter les bases d'une "science de la réalité" (Wirklichkeitswissenschaft), et à étudier la circulation comme la réception de ses travaux hors d'Allemagne et dans différentes disciplines (aussi bien l'histoire que la sociologie, la philosophie, le droit, l'économie et la science politique). Cette rencontre, qui se veut largement ouverte, rassemblera à la fois des spécialistes de la pensée de Weber mais aussi, et surtout, toute personne intéressée par la manière dont ce "classique des sciences sociales" peut aider à mieux penser la réalité actuelle, et ce afin d'y mieux agir.

MOTS-CLÉS :

Capitalisme, Croyances et valeurs, Déterminants de l'action, Domination, Économie politique, Épistémologie des sciences sociales, Éthique, Histoire comparée, Légitimation politique, Rationalités, Sociologie allemande, Sociologie compréhensive, Sociologie des religions, Weber (Max)

Programm

COMMUNICATIONS & TABLES RONDES (suivies de débats) :

L'HISTOIRE A-T-ELLE UN (SEUL) SENS ?
- Hinnerk BRUHNS : L'histoire conçue en étapes ?
- Julien FAGUER : La terre et le marché du crédit en Grèce ancienne : une perspective wébérienne
- Pierre-Henri ORTIZ : Les prophètes contre la République : une lecture wébérienne des conflits religieux à Rome
- Federico TARRAGONI : Trois pistes wébériennes pour une sociologie historique du politique

UNE SOCIÉTÉ VRAIMENT "OUVERTE" EST-ELLE POSSIBLE, ET À QUEL PRIX ?
- Philippe CHANIAL : Les idées, les valeurs et les intérêts dans l'anthropologie wébérienne
- Catherine COLLIOT-THÉLÈNE : Logiques identitaires et logiques d'appropriation
- Romain GUICHAROUSSE : Les étrangers au sein de la communauté athénienne (Ve-IIIe siècle av.n.è.)
- Jean-Pierre GUILHEMBET & Pascal MONTLAHUC : Ville et communautés urbaines à Rome

PEUT-IL Y AVOIR UN POUVOIR LÉGITIME ?
- Jean-Michel DAVID : Les magistratures romaines à la lumière des définitions wébériennes du charisme
- Didier GEORGAKAKIS : L'Europe peut-elle être gouvernée par une personnalité charismatique ? Sur quelques contractions théoriques et empiriques du "leardership politique" de l'UE
- Edith HANKE : Les luttes de Max Weber avec le concept de "démocratie". Un plaidoyer pour la sociologie politique
- Dominique LINHARDT : Les deux visages de la violence légitime : vers la fin de l'État ?
- Yves SINTOMER : La sociologie historique de Weber au test de la critique de l'eurocentrisme
- À quoi peut servir le triptyque de la légitimité aujourd'hui ?, table ronde avec Catherine COLLIOT-THÉLÈNE, Michel DOBRY et Patrice DURAN

L'ŒUVRE DE WEBER, UNIQUE OU PLURIELLE ?
- Rita ALDENHOFF-HÜBINGER : Observer et explorer les paysages et les sociétés rurales avec Max Weber
- Julia CHRIST : Max Weber et la théorie critique : un problème d'interprétation ?
- Giulio DE LIGIO : Aron et le "problème Weber". Entre science et action
- Álvaro MORCILLO : Économie et société comme précondition à la théorie de la dépendance de Cardoso
- Frédéric NEYRAT : Quelle place pour Max Weber dans les facultés de droit et de sciences économiques en France aujourd'hui ?
- Les réceptions de l'œuvre de Weber, table ronde avec Catherine COLLIOT-THÉLÈNE, Isabelle KALINOWSKI et Philippe RAYNAUD

QUE FAIRE DES CROYANCES EN SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ?
- Catherine COLLIOT-THÉLÈNE : Toute domination est légitime !
- Paul COURNARIE : Les rois antigonides et leurs sujets
- Michel DOBRY : La sociologie de Max Weber et quelques problèmes actuels des sciences sociales
- Gangolf HÜBINGER : Idées et intellectuels dans le travail de Max Weber
- Isabelle KALINOWSKI : Fides implicita. Weber et la notion d'obéissance
- Thomas KEMPLE : Rationalizations of Culture and Their Directions : Weber on the Aesthethic Sphere
- Hans-Peter MÜLLER : "Lebensführung". Vers une sociologie de la vie

- Rapport d'étonnement, par Vanessa BERNADOU

RÉSUMÉS :

Rita ALDENHOFF-HÜBINGER : Observer et explorer les paysages et les sociétés rurales avec Max Weber
Penser les sociétés et les pouvoirs avec Max Weber implique de penser les sociétés rurales, si souvent négligées dans la discussion de l'œuvre wébérienne. Cependant, Weber avait commencé sa carrière en économie politique avec ses enquêtes empiriques portant sur la situation sociale des ouvriers agricoles en Allemagne orientale (1892). Il a poursuivi cette piste de recherche dans plusieurs cours magistraux tout en prenant en compte le fait que l'histoire des sociétés rurales participe de la grande histoire de la transformation capitaliste du monde. Avec un œil entraîné également par ses recherches sur l'Antiquité, il a voyagé en Europe et en Amérique du Nord. Il nous en a laissé de nombreuses lettres avec ses observations vivantes, illustratives et en même temps analytiques.

Rita Aldenhoff-Hübinger est professeur d'histoire à l'université européenne Viadrina Francfort-sur-l'Oder. Elle a édité, coédité et introduit plusieurs volumes de la "Max Weber-Gesamtausgabe" (écrits, lettres, cours magistraux).
Publications
"Enquêtes rurales et industrielles : le chemin de Max Weber vers la sociologie" (avec H. Bruhns), in Les Études Sociales, n°167-168 (2018), S. 335–362.
Max Weber : Reisebriefe 1877-1914 (édité avec E. Hanke), Tübingen, Mohr Siebeck, 2019.
"Lire Le Capital vers 1900", in H. Bruhns, Histoire et économie politique en Allemagne de Gustav Schmoller à Max Weber, Paris, 2004, p. 101–108.

Hinnerk BRUHNS
Hinnerk Bruhns est directeur de recherché émérite au CNRS, membre de Centre de recherches historiques (EHESS/CNRS) à Paris. Après une thèse en histoire ancienne (Université de Cologne) il a enseigné aux universités d'Aix-en-Provence et Bochum avant d'entamer à Paris, parallèlement à ses recherches sur les sciences sociales autour de 1900, une carrière dans l'administration de la recherche (DAAD, CNRS, FMSH). Il est fondateur et rédacteur en chef de la revue Trivium. Revue franco-allemande de sciences humaines et sociales.
En savoir plus : http://crh.ehess.fr/index.php?/membres/97
Publications récentes
Max Webers historische Sozialökonomie / L'économie sociale de Max Weber entre histoire et sociologie, Wiesbaden, Harrassowitz, 2014.
Max Weber und der Erste Weltkrieg, Tübingen, Mohr Siebeck, 2017.

Catherine COLLIOT-THÉLÈNE : Logiques identitaires et logiques d'appropriation
La partie économique des manuscrits qui ont servi à composer Économie et Société ("Les catégories fondamentales de l'économique") n'est pas la mieux servie par le commentaire wébérien. J'essaierai de croiser dans cet exposé les développements que cette partie consacre aux "formes d'appropriation" avec les analyses concernant les procès de "communautisation" (Vergemeinschaftung) dans les manuscrits des Communautés (La Découverte, 2019). En articulant les dimensions économiques et les dimensions symboliques des phénomènes communautaires, la sociologie wébérienne offre les moyens d'aborder les logiques identitaires de manière critique, sans cependant les disqualifier pour des raisons morales.

Catherine COLLIOT-THÉLÈNE : Toute domination est légitime !
La légitimité n'est pas un prédicat contingent de la domination, au sens où Weber définit celle-ci. Les différences entre les modes de légitimation induisent, certes, des différences dans l'exercice de celle-ci, mais toute domination doit s'étayer sur une forme quelconque, forte ou faible, de légitimité pour que le commandement des dominants puissent obliger l'action des dominés.

Catherine Colliot-Thélène est professeure émérite à l'université de Rennes 1. Elle a consacré une partie de son travail de recherche à l'œuvre de Max Weber, dont elle a également traduit certains textes, seule ou en collaboration.

Jean-Michel DAVID : Les magistratures romaines à la lumière des définitions wébériennes du charisme
La notion de charisme tient une place importante dans la pensée de Max Weber. Elle est sans doute aussi la forme de domination la plus difficile à définir. Instable, elle a fortement tendance à évoluer vers les autres formes de domination (bureaucratique, patriarcale, etc…) tant elle est sensible à tous les processus de routinisation qui lui font perdre de son caractère original. Un rapprochement avec les définitions et le fonctionnement des magistratures romaines républicaines permet, grâce à l'étude de cas, de faire apparaître des processus où la pertinence de l'heuristique wébérienne peut être vérifiée, mais aussi d'autres où, au contraire, elle apparaît comme ne répondant pas à la complexité des relations entre l'Amtscharisma, le Personalcharisma, l'Erbscharisma, ainsi qu'au rôle d'une Veralltäglichung généralement combattue par des acteurs soucieux de se distinguer.

Jean-Michel David, né en 1947, est agrégé d'Histoire, ancien membre de l'École française de Rome, professeur successivement aux universités de Strasbourg et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses travaux portent sur l'Histoire politique, sociale et culturelle de la République romaine.
Principales publications
Le patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine (1992).
La romanisation de l'Italie (1994).
La République romaine, crise d'une aristocratie (2000).
Au service de l'honneur, les appariteurs de magistrats romains (2019).

Michel DOBRY : La sociologie de Max Weber et quelques problèmes actuels des sciences sociales
Cette communication prendra pour point de départ certaines des "complications" qui jalonnent l'œuvre de Weber. Comme on le verra à propos de plusieurs des thèmes ou objets abordés par le colloque (en particulier la manière dont sont pensés les processus historiques, la légitimité et les modes de domination ou encore la place des croyances dans la théorie de l'action), ces "complications", parce qu'elles révèlent en fait ce sur quoi butte, dans son appréhension de la réalité sociale, la démarche de Weber, sont intéressantes en ce qu'elles éclairent son projet de "sociologie compréhensive" et surtout en ce qu'elles constituent simultanément un levier permettant de mieux cerner plusieurs des difficultés critiques caractérisant l'état actuel des sciences sociales.

Michel Dobry est professeur émérite à la Sorbonne (Université Paris 1). Ses travaux portent notamment sur les conjonctures critiques, la causalité historique, l'émergence de phénomènes charismatiques, les processus de légitimation et de délégitimation, les poussées autoritaires et fascistes dans l'Europe de l'entre-deux-guerres ou encore les "transitions" vers la démocratie.
Publications
"Légitimité et calcul rationnel. Remarques sur quelques "complications" de la sociologie de Max Weber", in Favre P., Hayward J.E.S., Shemeil Y. (dir.), Être gouverné : études en l'honneur de Jean Leca, Paris, FNSP, 2003, p. 127-150.
"Hitler, Charisma and Structure : Reflections on Historical Methodology", Totalitarian Movements and Political Religions, 2006, vol.7, n°2, p. 157-171.
Sociologie des crises politiques, Paris, 2009 [1986].

Julien FAGUER : La terre et le marché du crédit en Grèce ancienne : une perspective wébérienne
L'œuvre économique de Max Weber est principalement connue des historiens de l'Antiquité à travers la médiation de Moses Finley, qui a contribué à l'enfermer dans un schéma statique, d'inspiration polanyienne, opposant nos économies capitalistes contemporaines aux économies pré-modernes "encastrées" dans la sphère du politique. Loin de se résumer cependant à des oppositions binaires entre cité antique et ville médiévale, ou à une vision téléologique qui aurait pour principal horizon l'"éthique protestante" et le capitalisme d'entreprise, tout un pan de l'œuvre de Weber peut se lire comme un dialogue engagé avec les historiens de profession autour des facteurs du changement et des outils conceptuels permettant de l'appréhender. À travers l'exemple du marché de la terre et du crédit dans la Grèce d'époque classique et hellénistique, on s'intéressera ici à l'apport de son approche et notamment du raisonnement par idéal-types pour penser le changement historique et la relation entre "micro" et "macro" — entre les orientations définies par l'État et les dispositions individuelles des agents économiques.

Membre scientifique de l'École française d'Athènes, Julien Faguer soutient au printemps une thèse de doctorat en histoire économique du monde égéen aux époques classique et hellénistique ("La terre et l'argent : marché de la terre et marché du crédit à Athènes et dans les îles de l'Égée, ca. 400-100 av. n. è."), dans laquelle il s'intéresse en particulier au rôle de l'État dans la formation d'un marché de la terre et dans la définition des règles encadrant l'accès à ce marché.

Edith HANKE : Les luttes de Max Weber avec le concept de "démocratie". Un plaidoyer pour la sociologie politique
En général Max Weber met la notion de la "démocratie" entre guillemets, peu importe s'il l'utilise pour l'Antiquité ou l'époque moderne. Cela signale une distance et un scepticisme. On peut constater ce scepticisme également dans son refus d'établir, à côté de ses trois types de dominations légitimes bien connus, un quatrième type. Que veut dire "pouvoir du peuple" si l'on veut le traduire littéralement ? Jamais dans l'histoire de presque toute civilisation la totalité des citoyens, ou habitants d'une communauté politique, n'a participé au pouvoir d'une manière active. En général le droit d'y participer était réservé à de petits groupes exclusifs. Sur ce point la démocratie de masse moderne constitue le premier essai consistant à faire participer l'ensemble des habitants au pouvoir. Mais le scepticisme persiste : qui exerce réellement le pouvoir ? Weber invite à considérer l'ensemble des conditions politiques et sociales tout en posant la question de la genèse historique des structures de domination d'aujourd'hui.

Edith Hanke est assistante de recherche (depuis 1990) et rédactrice en chef (depuis 2005) de l'édition complète historico-critique de Max Weber (Max Weber-Gesamtausgabe) à l'Académie Bavaroise des Sciences et des Humanités, Munich. Elle a édité la "Sociologie de la domination" (2005 et 2013) et, avec Rita Aldenhoff-Hübinger, les "Lettres choisies" de Max Weber. Elle s'intéresse particulièrement à la réception mondiale de l'œuvre de Max Weber.

Gangolf HÜBINGER : Idées et intellectuels dans le travail de Max Weber
Dans le cadre de son analyse des visions du monde, Max Weber attribue aux intellectuels un rôle clé : dans "L'éthique protestante", il pose comme question fondamentale de savoir comment "les idées en général deviennent efficientes dans l'histoire" ; dans "L'introduction" aux "Essais de sociologie des religions", il caractérise les intellectuels comme guides ("Weichensteller") dans le domaine des idées et visions du monde ("Ideen und Weltbilder") ; et dans ses écrits politiques, il qualifie les intellectuels comme littérateurs ("Literaten") en examinant leurs interventions dans les débats publics d'après-guerre d'une façon critique. Trois questions sont au centre de la contribution : comment Weber a-t-il vu, dans sa sociologie des religions, le rôle des intellectuels pour "la rationalisation" des ordres de vie et pour "l'intellectualisation" des interprétations du monde ? Comment a-t-il appliqué son concept à l'analyse du présent politique et comment a-t-il lui-même agi en tant qu'intellectuel ? Finalement, quels sont les éléments centraux de sa sociologie des intellectuels ?

Gangolf Hübinger, Viadrina Senior Fellow, Center B/Orders in Motion, et professeur émérite de "Vergleichende Kulturgeschichte der Neuzeit, Europa-Universität Viadrina à Frankfurt (Oder)". De nombreuses publications sur l'histoire des idées, des intellectuels et des sciences humaines et sociales. Coéditeur des œuvres complètes de Max Weber et du théologien Ernst Troeltsch, co-directeur de la revue Internationales Archiv für Sozialgeschichte der deutschen Literatur (IASL).
Publications
Engagierte Beobachter der Moderne. Von Max Weber bis Ralf Dahrendorf, Göttingen, Wallstein, 2016.
Max Weber. Stationen und Impulse einer intellektuellen Biographie, Tübingen, Mohr Siebeck, 2019.
"Intellectuals, Scholars and the Value of Science", The Oxford Handbook of Max Weber, ed. Hanke/Scaff/Whimster (2019), S. 537-556.

Thomas KEMPLE : Rationalizations of Culture and Their Directions : Weber on the Aesthethic Sphere
Although Max Weber did not comment extensively or systematically on the literary, visual, and plastic arts, several key statements allow us to reconstruct his views on the rationalization of the aesthetic sphere against the backdrop of the development of Western culture more generally. This talk outlines this argument with reference to his remarks on art, literature, and cultural life in published writings, speeches, and private correspondence.
His allusions to and discussions of specific art historians, cultural critics, cultural movements, artworks, and artists — from Rembrandt and Milton to Stefan George and Leo Tolstoy, for instance — are considered in light of his ideas on the directions of rationalization and their implications for intellectual work (including his own) as itself a kind of cultural practice. Weber's concern with many dimensions of the rationalization of occidental culture, and of aesthetic culture in particular, has been taken up by later thinkers and has lessons for how we think of the directions of rationalization today.

Thomas Kemple, Professor of Sociology, University of British Columbia, Canada. In addition to articles in Theory, Culture & Society and the Journal of Classical Sociology, Thomas Kemple's most recent works include :
Intellectual Work and the Spirit of Capitalism, Palgrave, 2012.
The Anthem Companion to Georg Simmel, co-edited with Olli Pyyhtinen, Anthem, 2017.
Simmel, Polity, 2018.
Writing the Body Politic : A John O'Neill Reader, co-edited with Mark Featherstone, Routledge, 2020.

Frédéric NEYRAT : Quelle place pour Max Weber dans les facultés de droit et de sciences économiques en France aujourd'hui ?
Comme chez d'autres intellectuels d'Europe centrale de sa génération, le profil de Max Weber est marqué par un fort éclectisme disciplinaire. Juriste de formation, c'est l'histoire du droit qu'il enseignera d'abord à Berlin avant de devenir professeur d'économie politique à Fribourg. C'est d’ailleurs comme économiste qu'il se définira jusqu'au terme de sa vie : on a en tête le "nous autres économistes" (Nationalökonomen) en ouverture de la conférence de 1919 sur le métier et la vocation de savant. Mais c'est véritablement comme un père fondateur de la sociologie moderne qu'il est pleinement passé à la postérité. Cette communication propose une sociologie de la réception contemporaine de Max Weber chez les économistes et les juristes universitaires français, notamment à partir d'un corpus de manuels et d'articles.

Frédéric Neyrat est professeur des universités en sociologie à l'université de Rouen Normandie. Ses recherches portent notamment sur la sociologie de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle.

Federico TARRAGONI : Trois pistes wébériennes pour une sociologie historique du politique
Dans cette communication, nous tâcherons de montrer que l'un des volets du projet sociologique wébérien est de contribuer à une analyse socio-historique du politique, entendu dans sa triple acception philosophique d'ensemble de rapports de pouvoir, d'ensemble d'institutions et de procédures du gouvernement et d'ensemble de modes d'action conflictuels en commun. Avec sa sociologie historique, Weber parvient à réarticuler trois concepts du politique : le pouvoir, le gouvernement et l'action. Son œuvre propose trois pistes, qui restent d'actualité pour une sociologie historique du politique dont l'objet excéderait la genèse du gouvernement représentatif (comme c'est souvent le cas en science politique). La première piste porte sur la comparaison des formes sociales de domination, dans des cadres étatiques ou non ; la deuxième porte sur l'analyse des effets des idéologies sur les modes d'action politique, et donc sur le rapport entre idéologie, subjectivité et action ; la troisième porte sur le mode d'imputation causale en sociologie, et la place qu'il réserve à la contingence et aux possibilités de l'agir humain (donc à sa liberté et créativité fondamentale).

Agrégé de Sciences économiques et sociales, Federico Tarragoni est actuellement Maître de conférences HDR à l'université de Paris et directeur du Centre d'études interdisciplinaires sur le politique. Il est spécialiste de sociologie politique et de théorie sociologique.
Publications
L'Énigme révolutionnaire, Prairies ordinaires, 2015.
Sociologies de l'individu, La Découverte, 2018.
L'esprit démocratique du populisme, La Découverte, 2019.

BIBLIOGRAPHIE :

- Aldenhoff-Hübinger R., Bruhns H., "Enquêtes rurales et industrielles : le chemin de Max Weber vers la sociologie", Revue des études sociales, Les Études Sociales, n°167-168, 2018, p.335-362.
- Beetham D., Max Weber and the Theory of Modern Politics, Cambridge, Polity Press, 1985.
- Bendix R., Max Weber : An Intellectual Portrait, Garden City, N.Y, Doubleday, 1960.
- Bernadou V., Blanc, F., Laignoux R., Roa Bastos F., Que faire du charisme ? Retour sur une notion de Max Weber, PUR, 2014.
- Besnard P., Protestantisme et capitalisme. La controverse post-wébérienne, Armand Colin, 1970.
- Bouretz P., Les promesses du monde. Philosophie de Max Weber, Paris, Gallimard, 1996.
- Breuer S., Max Webers Herrschaftssoziologie, Frankfurt/New York, Campus Verlag, 1991.
- Bruhns H., Andreau J. (dir.), Sociologie économique et économie de l'Antiquité. À propos de Max Weber, Cahiers du Centre de recherches historiques, EHESS-CNRS, 2004.
- Bruhns H., Duran P. (dir.), Max Weber et le politique, Paris, LGDJ, 2009.
- Collins R., Weberian Sociological Theory, Cambridge, Cambridge UP, 1986.
- Colliot-Thélène C., Max Weber et l'histoire, Paris, PUF, 1990.
- Colliot-Thélène C., Le désenchantement de l'État. De Hegel à Max Weber, Éd. de Minuit, 1992.
- Colliot-Thélène C., Études wébériennes, Paris, PUF, 2001.
- Colliot-Thélène C., La sociologie de Max Weber, Paris, La Découverte, 2014.
- Coutu M., Max Weber et les rationalités du droit, LGDJ, 1995.
- Dobry M., "Légitimité et calcul rationnel. Remarques sur quelques "complications" de la sociologie de Max Weber", in Favre P., Hayward J.E.S., Shemeil Y. (dir.), Être gouverné : études en l'honneur de Jean Leca, Paris, FNSP, 2003, p.127-150.
- Dobry M., "Hitler, Charisma and Structure : Reflections on Historical Methodology", Totalitarian Movements and Political Religions, 2006, vol.7, n°2, p. 157-171.
- Gaïti B., "La décision à l'épreuve du charisme. Le général de Gaulle entre mai 1968 et avril 1969", Politix, n°82, vol. 2, 2008, p.39-68.
- Ghosh P., Max Weber in Context. Essays in the History of German Ideas, c. 1870-1930, Harrassowitz Verlag, 2016.
- Giddens A., Politics and Sociology in the Thought of Max Weber, London, MacMillan, 1972.
- Grossein J.-P., "De l'interprétation de quelques concepts wébériens", RFS, 46-4, octobre-décembre 2005, p.685-722.
- Grossein J.-P., "Max Weber "à la française". De la nécessité d'une critique des traductions", RFS, 46-4, octobre-décembre 2005, p.883-904.
- Hanke E., Scaff L., Whimster S. (eds.), The Oxford Handbook of Max Weber, Oxford, Oxford University Press, 2019.
- Hennis W., La problématique de Max Weber, PUF, 1996 (1987).
- Hennis W., Max Webers Wissenschaft vom Menschen, Tübingen, Siebeck, 1996.
- Heurtin J.-P., Molfessis N. (dir.), La sociologie du droit de Max Weber, Paris, Dalloz, 2006.
- Heurtin J.-P., "Weber lecteur de Rudolph Sohm, et l'inachèvement du concept de charisme de fonction", in Bernadou V., Blanc F., Laignoux R., Roas Bastos F., Que faire du charisme. Retour sur une notion de Max Weber, PUR, 2014.
- Hirschhorn M., Max Weber et la sociologie française, Paris, L'Harmattan, 1988.
- Kaesler D., Max Weber. Sa vie, son œuvre, son influence, Paris, Fayard, 1995.
- Kalberg S., Les valeurs, les idées et les intérêts. Introduction à la sociologie de Max Weber, Paris, La Découverte, 2010.
- Kershaw I., Hitler. A Profile of Power, Longman, Londres, 1991.
- Lascoumes P. (dir.), Actualité de Max Weber pour la sociologie du droit, Paris, LGDJ, 1995.
- Morcillo Á., Weisz E. (ed.), Max Weber en Iberoamérica. Nuevas interpretaciones, estudios empíricos y recepción, México, CIDE/CFE, 2016.
- Morcillo Á., "Aviso a los navegantes. La traduccion al español de Economia y sociedad de Max Weber", Estudios sociologicos, 32 (96), 709-766, 2012.
- Müller H.-P., Max Weber. Eine Einführung in sein Werk, Köln/Weimar/Wien, Böhlau UTB, 2007.
- Müller H.-P., "Wie ist Individualtität möglich ? Strukturelle und kulturelle Bedingungen eines modernen Kulturideals", Zeitschrift für Theoretische Soziologie, 01/2015, p.89-111.
- Oakes G., Weber and Rickert. Concept formation in the Cultural Sciences, MIT Press, 1988.
- Ouedraogo J.-M., "La réception de la sociologie du charisme de Max Weber", Archives De Sciences Sociales Des Religions, n°83 (1), 1993, p.141-57.
- Raynaud P., Max Weber et les dilemmes de la raison, PUF, 1987.
- Schluchter W., Religion und Lebensführung, Suhrkamp, 1988.
- Sintomer Y., La démocratie impossible ? Politique et modernité chez Weber et Habermas, Paris, La Découverte, 1999.
- Stamme Otto (ed.), Max Weber und die Soziologie heute. Verhandlungen des fünfzehnten deutschen Soziologentages, Tubingen, Mohr, 1965.
- Strazzeri V., "Max Weber and the "labour question" : an initial appraisal", Max Weber Studies, 15/1, 2015, p.69-100.
- Sunar L., Marx and Weber on Oriental Societies. In the Shadow of Westerne Modernity, Ashgate, 2014.
- Swedberg R., Max Weber and the Idea of Economic Sociology, Princeton, Princeton University Press, 1998.
- Tarragoni F., Sociologies de l'individu, Paris, La Découverte, 2018.
- Tribe K., "Talcott Parsons as Translator of Max Weber's Basic Sociological Categories", History of European Ideas, n°33, 212-233, 2007.
- Whimster S., The Essential Weber. A Reader, London Routledge, 2004.
- Whimster S., Understanding Weber, London, Routledge, 2007.
- Zimmerman A., "Decolonizing Weber", Postcolonial Studies, 2006, 9/1, p.53-79.

SOUTIENS :

- Fondation Fritz Thyssen
- Fondation Maison des sciences de l'homme (FMSH)
- Laboratoire Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques (ANHIMA) — UMR 8210 [Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne]
- Laboratoire Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe (SAGE) — UMR 7363 [Université de Strasbourg]
- Centre Marc Bloch
- Laboratoire des dynamiques sociales (DySoLab) — EA 7476 [Université de Rouen Normandie]
- Centre de Recherche Risques & Vulnérabilités (CERReV) — EA 3918 [Université de Caen Normandie]
- Société des Amis de Raymond Aron (S.A.R.A.)
BULLETIN D'INSCRIPTION

ATTENTION : Les inscriptions à ce colloque ne seront ouvertes qu'à partir du 15 mars prochain.

En attendant, nous vous invitons à consulter la page Inscription de notre site.
24 février 2020

Kontakt

Centre culturel international de Cerisy
2, Le Château - 50210 Cerisy-la-Salle (France)
jeanchristophe.tourniere@ccic-cerisy.asso.fr

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