L’ouverture du musée du quai Branly (Paris 2006), un musée « ethnologique » conçu explicitement comme un musée d’art pour les « arts premiers », ainsi que la réouverture du musée ethnologique Rautenstrauch-Joest (Cologne 2010), qui a reçu au cours de sa restructuration une « salle d’art » (Kunstraum), indiquent que l’art non-européen aujourd’hui a trouvé sa place dans le discours public.
L’exemple des deux musées ainsi que la discussion autour du projet du « Humboldtforum » à Berlin montrent que les concepts traditionnels de la représentation « ethnographique » de l’autre ont été remplacés récemment par des approches qui tentent d’élever art européen et non-européen au même niveau. Mais dans le même temps, ces deux exemples révèlent aussi que les différences dans le classement entre objets d’arts européens et non-européens persistent toujours : en témoigne leur exposition dans le cadre de « musées ethnologiques».
Les présentations de l’art non-européen dans les musées ethnologiques transmettent en effet une image spécifique de la façon dont l’Europe a construit et transmis son savoir sur les arts et cultures non-européennes. Le musée comme lieu de (re)présentation matérielle joue jusqu’à ce jour un rôle important dans la constitution, transformation et médiation de ce savoir.
L’atelier de recherche se propose d'analyser dans une perspective historique les différents concepts de médiation de ce savoir dans les musées, ethnologiques et autres. EIle pose également la question des changements et continuités que cette représentation muséale a subi depuis la fin du 18ème siècle.
Quel rôle l’art joue-t-il dans la médiation du savoir sur les cultures non-européennes ? Comment les stratégies de (re)présentation muséale comme par exemple l’esthétisation ou la contextualisation influencent-elles la médiation et réception du savoir culturel ? Dans quelle mesure est-ce que les stratégies « européennes » de (re)présentation du savoir ont-elles été adoptées ou adaptées par les musées ?
L’atelier de recherche veut notamment prendre pour sujet l’influence que les développements socioculturels ou politiques, comme par exemple le processus de la décolonisation, ont exercé sur la (re)présentation du savoir.
L’atelier de recherche interdisciplinaire s’adresse à des historiens, des historiens de l’art et des ethnologues.
Langues : français et anglais.
Entrée libre.
Inscription: sarah.maupeu@uni-koeln.de
Participants:
Marieke Bloembergen, historienne, senior researcher au Royal Netherlands Institute of Southeast Asian and Caribbean Studies
Roland Cvetkovski, historien, maître de conférences à l‘Université de Cologne
Monique Jeudy-Ballini, anthropologue, directrice de recherche au Laboratoire d’Anthropologie Sociale (CNRS) à Paris
Sophie Leclercq, historienne, Centre National de Documentation Pédagogique, Poitiers/Centre d’Histoire culturelle de l’Université Versailles-St.Quentin en Yvelines
Sarah Maupeu, historienne de l‘Art, doctorante à l‘Université de Cologne
Susanne Mersmann, historienne de l‘Art, chargée de cours à l‘Université de Lüneburg
Emanuelle Sibeud, historienne, maître de conférences, Université Paris 8 (Vincennes-Saint-Denis)
Jakob Vogel, historien, professeur d'Histoire de l'Europe (XIXe et XXe siècles) au Centre d‘Histoire, Sciences Po Paris