Over the last four decades, the concept of collective identity has attracted considerable attention and generated extensive discussions in the various branches of philosophy, as well as in the human and social sciences. The progressive erosion of stable social milieus and of community cohesion have resulted in the increasing politicization of group identities. On the one hand, this development raises the theoretical question of understanding the very nature of collective identity and the constitution of collective identities. On the other hand, though, the urgent concern for responsible practice in collective identities formation, emerges in all its practical and increasing problematicity.

Paul Ricœur's concept of narrative identity provides a renewed approach to these issues from a hermeneutical point of view. He considers this notion as applicable not only to the individual being, but also to communities. Nevertheless, his treatment of collective identities remains fragmentary in his thought. Ricœur does not give to the concept of collective identity a center place in any of his writings; rather, he discusses the topic from many different angles. Thus, a systematic account of collective identity is missing in his work.

The conference will pursue a twofold aim. First, it seeks to map out Ricœur’s concept of collective identity by systematically questioning its presuppositions and the various contexts in which it is employed in his thought. Secondly, this comprehensive reconstruction will provide the possibility to integrate Ricœur’s hermeneutics more closely with the contemporary debate on collective identities across the human and social sciences, which has so far been dominated by non-hermeneutic approaches.

To achieve the above-mentioned objectives, the conference will focus on three major fields of Ricœur’s thought, which have a genuine and explicit reference to the question of the constitution of collective identities.

1. Collective Memory
In Time and Narrative, Ricœur identifies historiography as an essential medium for the construction of collective identities. He discusses again this idea in later texts, particularly in his monograph Memory, History, Forgetting. In his reflections on the philosophy of history, Ricœur arises issues regarding the concept of collective memory. These include, for example, the relationship of collective memory to other constitutive processes of collective identities; the intercultural embedding of collective memory; the relation between transnational and nationstate based forms of collective memory; the ethical-political regulation of conflicts over collective remembering.

2. Recognition and Intersubjectivity
In his last book, The Course of Recognition, Ricœur discusses the identity of concrete historical communities, which unfolds in a dialectic of social practices and ideas. His approach situates the dimension of conflict that marks the articulation of claims for recognition within an ethically motivated perspective. These reflections raise a number of questions, such as how do the processes of recognition relate to collective identities? How are we to understand the relationship between ethics and politics in view of the ethical ideal of mutual recognition?

3. Ethics and Justice
A third perspective on collective identities is implicitly developed in Ricœur’s ethics presented in his book Oneself as Another. In his ‘little ethics’, he relates the self not just to the other of face-to-face direct relationships (community); rather, he focuses on third indirect relationships regulated by institutions (society). In the institutionalized context, the other is the ‘everyone’ in the system of distribution in which the social cohesion of historical communities finds its dynamic development. From an exegetical viewpoint, the main question becomes: how Ricœur’s early reflections on collective identities relate to his mature ethics developed in Oneself as Another? Which are the juridical aspects of collective identities?

Beyond these thematic axes, we also welcome contributions that examine the concept of collective identities in Ricœur’s thought from the perspective of philosophy of religion, literary theory, or ideology criticism.

Abstract Submission:
Submissions from early career scholars and from members of underrepresented groups are welcome and encouraged. Papers should not be longer than 30 minutes when read aloud. Additionally, presentations are followed by a question and answer session (20 minutes).
Please, submit a short abstract of approximately 300-500 words together with a Curriculum Vitae to

ricoeur2021@uni-trier.de

no later than February 15, 2021. The main language of the conference is English. Contributions in French and German are also welcome.
Due to the current COVID-19 pandemic, the organization of the conference is dependent on official recommendations. If necessary, the conference will be staged digitally.

Dans les dernières décennies, la notion d’identité collective a fait l’objet d’une attention croissante au sein des études socio-philosophiques mais aussi des discours de philosophie de la religion et des sciences sociales. Une érosion des milieux stables et de la cohésion communautaire est largement observée dans nos sociétés, qui entraîne notamment une politisation croissante des identités de groupes. D’un coté, cette évolution soulève la question de ce qu’il faut entendre exactement par la notion d’identité collective et comment cette identité est constituée. D’un autre côté, également crucial devient le thème d’une pratique responsable dans la constitution d’une identité collective et de son sens.

Le concept d’identité narrative chez Paul Ricœur permet une approche tout particulièrement herméneutique de ces questions. Ricœur lui-même constate que l’identité narrative ne s’applique pas seulement au plan individuel, mais aussi aux communautés. Néanmoins, l’examen de la question de l’identité collective semble fragmenté dans son œuvre et aucun de ses écrits ne traite pas ce sujet explicitement. Ricœur n’élabore pas une conception de l’identité collective de façon systématique, mais évoque plutôt le sujet régulièrement dans des différents contextes thématiques.

À cet égard, ce colloque poursuit deux objectifs. Premièrement, il importe de développer une connaissance plus approfondie de la conception de l’identité collective chez Ricœur en cherchant systématiquement les contextes et les corrélations au sein de l’œuvre intégrale ; à cet égard, la conférence vise à une reconsidération critique de la pensée sociale de Ricœur. Deuxièmement, sur la base de l’élaboration du sujet des identités collectives dans l’œuvre de Ricœur, il s’agit d’intégrer progressivement davantage l’herméneutique de Ricoeur dans les débats des sciences humaines et leur discours sur l’identité collective, encore très dominés par des approches anti-herméneutique.

En poursuivant ces objectifs, trois axes de recherche se dégagent, renvoyant chacun à sa manière à la constitution des identités collectives.

1. La mémoire collective
Dans Temps et récit, Ricoeur identifie l’historiographie comme moyen essentiel de la construction des identités collectives. Cette idée a évolué dans les textes ultérieurs, notamment dans La Mémoire, l’histoire, l’oubli. Dans ce dernier texte, la formation des cohésions et des identités sociales dans le contexte des relations interactives, représente une priorité. Les réflexions de Ricoeur sur la philosophie de l’histoire suscitent plusieurs questions en lien avec le concept d’identité collective : celle de la relation entre
mémoire collective et d’autres procédés de constitution des identités collectives ; l’incorporation interculturelle des procédés de mémoire collective ; l’organisation transnationale d’une mémoire collective ; ou bien la régulation éthico-politique des conflits des procédés de la mémoire collective.

2. La reconnaissance et l’intersubjectivité
Dans Parcours de la Reconnaissance, Ricœur développe la théorie d’une genèse de l’identité des collectifs concrets et historiques. Cette genèse s’effectue dans la dialectique entre pratiques sociales et idéalités. Cette approche prend davantage en considération les dimensions conflictuelles des exigences exprimées en matière de reconnaissance des identités des collectifs – une dimension qui est accompagnée par une perspective éthico-critique sur les conflits de reconnaissance. Dans ce contexte, le problème qui est soulevé est celui de la corrélation entre les processus de la reconnaissance et la théorie de la mémoire collective, qui s’inspire davantage de l´idée de témoignage. Or, l’idéal éthique d’une reconnaissance réciproque influence la relation entre politique et éthique. Cette forte orientation vers l’éthique permet-elle une analyse des conflits véritablement politiques, qui revendiquent alors une forme de reconnaissance mutuelle ?

3. L’éthique et la justice
Une troisième dimension des identités collectives se base sur la conception de l’éthique dans Soi-même comme un autre. Ricœur ne se limite pas à situer l’individu dans sa responsabilité envers d’autres individus, mais aussi envers l’Autre au sens de chacun. La relation envers cet Autre abstrait doit être réglée par des institutions qui formulent des structures particulières et dans lesquelles la cohésion sociale des collectifs historiques évolue de manière dynamique. En regardant l’ensemble de l’œuvre de Ricœur, on peut analyser les relations entre ses réflexions ultérieures sur les identités collectives et sa pensée sur l’éthique dans Soi-même comme un autre. Par ailleurs, ses réflexions sur l’utopie et l’idéologie sont tout à fait pertinentes s’agissant de l’exigence pratique de la constitution responsable des identités collectives.

Également bienvenues seront les contributions qui discutent de la conception des identités collectives chez Ricœur dans une perspective de philosophie de la religion, de la théorie littéraire ou de la critique idéologique.

Nous encourageons les chercheurs et les chercheuses non titulaires (d’un doctorat) à soumettre leurs propositions. Les interventions (jusqu’à 30 minutes) seront suivies par une discussion (jusqu’à 20 minutes). Les propositions, de 300-500 mots, ainsi qu’un CV sont à adresser d’ici le 15 février 2021 à :

ricoeur2021@uni-trier.de

La conférence sa déroulera en anglais. Des contributions en français et en allemand sont également les bienvenues.
Compte tenu de la situation pandémique, l’organisation du colloque est dépendante de l’évolution de la situation et des mesures sanitaires. Si nécessaire, le colloque aura lieu sous la forme de visioconférence.