Appel à contribution pour une session du congrès de la Société Internationale d'Études sur le XVIIIe siècle (Université d’Édimbourg, 14-19 juillet 2019)

Dans l'Europe des Lumières tardives ou « critiques », la figure du despote éclairé est partiellement relayée par celle du ministre, du fonctionnaire, du grand commis d'État, du réformateur portant l'héritage désormais complexe des Lumières (comme Turgot et Necker en France). La Révolution française introduit une toute nouvelle dimension et un défi majeur dans le rapport des hommes des Lumières à la politique, puisque des personnages comme Raynal, Mercier et Condorcet se trouvent directement placés devant le défi de s'impliquer dans la politique. Dans les Républiques sœurs, les membres des élites urbaines revêtent des fonctions de représentation législative ou d'administration qu'ils n'avaient initialement pas prévues, voire imaginées, comme ce fut le cas de Georg Forster en Allemagne ou Vincenzo Cuoco à Naples. Dans la péninsule ibérique, en Italie ou dans les îles britanniques, les institutions politiques mettent à contribution juristes, historiens, lettrés, dont les idéaux et les principes se trouvent ainsi mis à l’épreuve de l’action politique.

Au-delà de la dualité entre culture/littérature/philosophie et politique, cette session interroge le parcours d'hommes éclairés confrontés à la pratique effective du pouvoir (administratif, exécutif, législatif) dans la période allant de 1780 à 1804, et retrace l'évolution de leur positionnement des Lumières jusqu'aux différentes phases de la Révolution, qu'il s'agisse d'une redéfinition de leur orientation politique ou d'une fidélité aux idées éclairées, qui, si elles ne changent pas, prennent un sens nouveau. Avec un questionnement sur la légitimité de la violence révolutionnaire en toile de fond, il s'agit aussi de saisir le moment où la pratique empiète sur la théorie, moment qui peut être celui où les troupes françaises franchissent les frontières nationales. Cette session accorde une attention particulière à la fois à l'analyse de trajectoires biographiques et à la circulation des textes, et propose une approche d'histoire croisée entre les aires culturelles d'Europe de l'Ouest, qui peut accueillir des synthèses sur un espace et une période donnés, des portraits ancrant des parcours originaux dans leur contexte, ou encore la reconstitution de réseaux, échanges ou confrontations intellectuels et politiques.

Les propositions de communication (300 mots max.) sont à envoyer aux adresses suivantes : luesebrink@mx.uni-saarland.de, pierre.musitelli@ens.fr, ppujodelle@gmail.com, gerard.laudin@sorbonne-universite.fr, avant le 31 décembre 2018.