La dénonciation en France durant la Seconde guerre mondiale

La dénonciation en France durant la Seconde guerre mondiale

Veranstalter
Centre de Recherche d’Histoire Quantitative (CRHQ, CNRS-Université de Caen) Organisé par Laurent Joly
Veranstaltungsort
Mémorial de Caen, France
Ort
Caen, France
Land
France
Vom - Bis
27.11.2008 - 28.11.2008
Von
Joly, Laurent

Comité scientifique : Jean-Pierre AZEMA, Laurent JOLY, Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Jean QUELLIEN, Annette WIEVIORKA, Olivier WIEVIORKA

Dans les représentations, le phénomène de la délation est inévitablement associé à l’Occupation et au régime de Vichy : les dénonciateurs sont supposés s’être comptés en millions et être restés, pour la plupart d’entre eux, dans le plus lâche des anonymats (les fameuses « lettres anonymes »). Les idées reçues sur le sujet abondent, et l’on peut dire qu’il est peu d’objets aussi insaisissables pour l’historien que celui de la dénonciation.
Tandis qu’elle s’est développée à l’étranger depuis une vingtaine d’années, notamment pour l’étude de l’Allemagne nazie et de l’Union soviétique, l’historiographie sur le sujet est inexistante ou presque à propos de la France. L’une des ambitions de ce colloque sera donc de tenter d’évaluer et de caractériser le phénomène pour les années 1940-1944 ; son principal objectif sera d’éclairer les spécificités géopolitiques et institutionnelles ainsi que les ressorts psychologiques individuels et collectifs liés à la période de la guerre, de l’Occupation et du régime de Vichy. Aussi, la dimension de comparaison internationale tiendra-t-elle une place primordiale.
Le premier volet étudiera le phénomène sous l’angle du contexte né de la création de l’État français et de l’Occupation allemande : en quoi la disparition des relais habituels de la démocratie et de l’opinion, associée à l’avènement d’un régime faisant de la « dénonciation » de l’ennemi l’un des moteurs de sa politique, a-t-elle favorisé la délation ? Une part importante de lettres de dénonciation a été envoyée aux autorités allemandes, à la fois dépendantes de ce type d’informations et méfiantes vis-à-vis d’elles. La possibilité – et la tentation – de jouer de plusieurs interlocuteurs explique-t-elle l’ampleur (supposée) des dénonciations adressées aux forces occupantes ?
Ces deux problématiques seront, dans un deuxième temps, déclinées dans différentes études comparatives portant sur d’autres régimes dictatoriaux d’Europe et territoires occupés ou annexés par l’Allemagne.
Fondé pour l’essentiel sur des recherches quantitatives, plus spécialement issues de l’exploitation des dossiers d’épuration de la Justice de la Libération, le troisième volet permettra de croiser de nombreuses données relatives à la sociologie des dénonciateurs et de proposer des typologies de dénonciation.
Enfin, le quatrième et dernier volet étudiera les sanctions et les représentations des actes de délation à la Libération. Une comparaison sera faite avec la situation italienne.

Programm

Jeudi 27 novembre 2008

9h30 : Accueil, Stéphane GRIMALDI, directeur du Mémorial de Caen
9h40 : Introduction, Laurent JOLY (CRHQ, CNRS-Université de Caen)

I Un phénomène social en France pendant la Seconde Guerre mondiale ?
Présidence et discussion animées par Olivier WIEVIORKA (ENS-Cachan)

10h – 10h30 : François ROUQUET (CRAPE-IEP Rennes), « La figure du “délateur” au cinéma. L’exemple du Corbeau et de quelques autres films »
10h30 – 11h : Virginie SANSICO (CRHQ, CNRS-Université de Caen), « La place de la délation dans la répression des délits d’opinion par la justice de Vichy »
11h – 11h30 : Clément MILLION (CHJ, CNRS-Université de Lille 2), « L’OFK 670 de Lille et la justice française face à la délation »
(Pause, 15 minutes)
11h45 – 12h15 : Grégoire KAUFFMANN (IEP-Paris), « Les officines intermédiaires de la délation au service des autorités allemandes. L’exemple de l’Institut d’Étude des Questions Juives »
12h15 – 12h45 : Tal BRUTTMANN (ville de Grenoble), « La place de la dénonciation dans un processus bureaucratique. L’exemple de l’aryanisation économique »
12h45 – 13h15 : Raphaël SPINA (ENS-Cachan), « Délation et divisions sociales délétères sous l’Occupation : un adjuvant pour le STO, un péril pour les réfractaires »

II Comparaisons européennes
Présidence et discussion animées par Marie-Anne MATARD-BONUCCI

14h30 – 15h : Patrice ARNAUD (CRHQ, CNRS-Université de Caen), « Les “informateurs” français de la Gestapo en Allemagne : recrutement, motivations et rôle dans la politique répressive nationale-socialiste »
15h – 15h30 : Cédric NEVEU (CRHQ, CNRS-Université de Caen), « La délation “civique” au service de la politique de nazification dans les zones annexées. L’exemple de la Moselle »
(Pause, 15 minutes)
15h45 – 16h15 : Francis BALACE (Université de Liège), « Dénonciateurs, dénoncés : les paradoxes du cas belge »
16h15 – 16h30 : Mimmo FRANZINELLI, « Le profil du délateur dans l’Italie mussolinienne », texte présenté par Paola Bertilotti
16h30 – 17h : François-Xavier NERARD (Université de Bourgogne), « La dénonciation dans l’URSS stalinienne (1928-1941) : théorie et pratiques »

Vendredi 28 novembre 2008

III Études de cas et essais de typologies
Présidence et discussion animées par Annette WIEVIORKA (IRICE, CNRS-Université de Paris 1)

9h – 9h30 : Michel LAFFITTE, « “Fabrication” d’une délatrice. Le cas Germaine Bernheim et la destruction des juifs de Poitou-Charente »
9h30 – 10h : Henri NAHUM, « Empêcher une “mésalliance”. Conséquences dramatiques de l’antisémitisme ordinaire »
10h00 – 10h30 : Julie CHASSIN (CRHQ, CNRS-Université de Caen), « Typologies de la délation et des délateurs en Normandie »
10h30 – 11h : Marc BERGERE (CERHIO, CNRS-Université de Rennes 2), « Délation et délateurs sous l’Occupation au prisme de l’épuration dans le Maine-et-Loire »
(Pause, 15 minutes)

IV La dénonciation à la Libération : « inversion », épuration, mémoire
Présidence et discussion animées par Danièle LOCHAK

11h15 – 11h45 : Fabien JOBARD, (CESDIP, CNRS-Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines), « Sociologie politique de la délation, ou l’indétermination substantielle de la nature politique de la délation »
11h45 – 12h15 : Christiane KOHSER-SPOHN (SFB 437 “Kriegserfahrungen”, Université de Tübingen, Allemagne), « La dénonciation en Alsace à la Libération ou le réapprentissage de la citoyenneté francaise »
12h15 – 12h45 : Stéphane LAMACHE (CRHQ, CNRS-Université de Caen), « Dénoncer aux autorités américaines à la Libération. L’exemple de la Manche »

14h15 – 14h45 : Benn WILLIAMS (Université de l’Illinois, Chicago), « Dénoncer les délateurs : l’épuration dans le Rhône, 1944-1953 »
14h45 – 15h15 : Fabrice VIRGILI (IRICE, CNRS-Université de Paris 1), « Le photographe chez la crémière. André Zucca et l’épuration »
(Pause, 15 minutes)
15h30 – 16h : Valeria GALIMI (Université de Sienne-IHTP), « Chasse aux espions : l’épuration des délateurs en Italie »
16h – 16h30 : Paola BERTILOTTI (IEP Paris), « La délation des juifs : une mémoire silencieuse dans l’Italie républicaine (1944-1961) »

Conclusions
16h30 – 17h : conclusion et discussion animée par Annette WIEVIORKA

Kontakt

Laurent Joly

Université de Caen

laurentjoly1@yahoo.fr

Centre de Recherche d'Histoire Quantitative
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