Les relations commerciales et les formes du travail en Asie et en Europe entre le XVe et le début du XXe siècle conduisent à interroger l’exceptionnalité de l’Occident, d’une part, les grandes ruptures de l’histoire mondiale (la grande divergence, la grande transformation), d’autre part. Ainsi, l’extension des réseaux marchands indiens, chinois, mongols et islamiques témoigne de la pluralité et de la force des mondes économiques dans les espaces asiatiques et européens. Ce pluralisme garde sa force bien au-delà des « révolutions commerciales » du Moyen-Âge et de l’Époque moderne, mais aussi de l’expansion européenne. A partir de là, cette journée d’étude s’interrogera sur les modalités du commerce, la force des réseaux et la dépendance prétendue des mondes non-européens vis-à-vis de l’Occident.
De même, les domestiques et les salariés en France, Grande-Bretagne, Japon et dans l’Océan indien, tout comme les formes d’asservissement en Chine, en Russie et en terre d’Islam répondent à des enjeux locaux en s’inscrivant en même temps dans des dynamiques globales.
L’ambition de cette journée n’est pas de prendre parti pour l’une ou l’autre définition « générale » du travail et du travail forcé, mais plutôt de placer la limite entre travail libre et travail forcé dans des contextes historiques et institutionnels précis, de manière à comprendre pour quelles raisons, dans telle ou telle situation, cette limite a été conçue et mise en pratique d’une manière plutôt que d’une autre. Au lieu de rechercher l’émergence du « travail libre » et de la « civilisation » ou, inversement, de stigmatiser la persistance de la « tradition corporative » ou même de formes larvées de l’esclavage, nous voulons comprendre la dynamique de certaines formes historiques du travail à partir de la tension, historiquement située, entre liberté et contrainte.