Avec le soutien de la Communauté israélite d’Esch-Alzette

La communauté juive est un des groupes de la société luxembourgeoise qui sont au centre des préoccupations du projet de recherche PARTIZIP de l’Université du Luxembourg, qui s’occupe des processus de participation au Luxembourg de la Révolution française jusqu’au début de la 2e Guerre mondiale. Le développement de cette communauté dans la phase du nation building luxembourgeois ainsi que la place qu’elle a trouvée dans la société luxembourgeoise au fil de l’histoire mouvementée du Luxembourg moderne reflètent les possibilités de participation et d’égalité d’une minorité, constituant ainsi des indicateurs de l’état de démocratisation de la société luxembourgeoise.

Le colloque se rattache également à celui sur le rabbin Samuel Hirsch, organisée en octobre de l’année dernière : alors que cette manifestation avait analysé, en s’appuyant sur la personne et l’œuvre de Samuel Hirsch, la position de la judéité luxembourgeoise envers l’Etat et la société du grand-duché au XIXe siècle ainsi que la situation et l’émancipation juive en Europe de l’Ouest, la conférence à venir se pose dans un cadre temporel plus large.

Le but de la conférence est d’approfondir la recherche sur l’histoire juive au Luxembourg, notamment de l’histoire de la communauté, de la judaïté ainsi que de l’antisémitisme au Luxembourg et dans la Grande Région. Si elle se veut un espace d’échanges entre chercheurs et chercheuses du monde académique, et l’historiographie locale voire issue de la communauté juive, ce sera la première fois que ce sujet de recherche jusqu’ici peu exploré par le public scientifique est traité d’une façon si étendue à un niveau universitaire. À côté de la présentation de nouveaux résultats de recherche, la conférence sera également un moment de réflexion sur des aspects encore peu explorés de l’histoire de la communauté juive dans le contexte politique et sociétal luxembourgeois.

La conférence sera ouverte par une conférence du professeur Jean-Philippe Schreiber, maître de Recherches FNRS et Directeur-adjoint du Centre interdisciplinaire d'Étude des Religions et de la Laïcité (CIERL) à l’Université libre de Bruxelles et directeur scientifique de la Fondation de la Mémoire contemporaine. Sous le titre « L’idéologie consistoriale au XIXe siècle. L’empreinte du Grand Sanhédrin de Napoléon », M. Schreiber approfondira la question si en matière de judaïsme émancipé, il faut parler d’échec ou de réussite.

Les chercheurs et chercheuses vont présenter leurs contributions dans quatre panels différents. Le premier panel rassemblera, sous le titre « Émancipation et participation », les questions de la participation politique et de l’intégration dans la vie sociétale, mais aussi de la reconnaissance de la communauté religieuse et du rôle des femmes dans la judéité luxembourgeoise. Le deuxième panel intitulé « Éclosion » traitera les aspects démographiques, le développement des communautés locales, le rôle de la migration et des contacts internationaux de la communauté. Le troisième panel, dénommé « Antisémitisme et rejet », se concentrera sur l’antisémitisme dans la société luxembourgeoise ainsi que son impact sur d’autres développements sociétaux. Dans ce contexte, sera notamment analysé le rôle du sionisme au Luxembourg par apport à l’identité juive luxembourgeoise. D’autres aspects porteront sur le nationalisme luxembourgeois et ses liens avec l’exclusion et la discrimination juive, sur la fuite et l’exil de personnes juives dans la phase d’avant-guerre. Enfin, lors du 4e panel sous le titre « Persécution », la participation luxembourgeoise à la persécution pendant la 2e Guerre mondiale, la déportation des membres de la communauté juive ainsi que l’antisémitisme après 1945 seront des sujets de discussion.

Une table ronde de clôture synthétisera les résultats de recherche présentés lors du colloque. En même temps, cet échange au sein de la communauté scientifique sera l’occasion de mettre au clair les desiderata les plus importants de l’histoire de la judéité luxembourgeoise et de ses liens avec le nation building luxembourgeois. Les discussions pourront déboucher sur les perspectives d’une institutionnalisation de la recherche historiographique dans ce domaine.