La maison consulaire : espaces, fonctions et usagers (Moyen Âge – époque contemporaine)

La maison consulaire : espaces, fonctions et usagers (Moyen Âge – époque contemporaine)

Veranstalter
Diego Carnevale, (Università degli Studi di Napoli / TELEMME), Mathieu Grenet (INU Champollion, Albi / FRAMESPA), Fabrice Jesné (École française de Rome), Jörg Ulbert (Université de Bretagne Sud, Lorient / TEMOS)
Veranstaltungsort
Institut National Universitaire Jean-François Champollion, Albi
Ort
Albi
Land
France
Vom - Bis
10.05.2019 -
Deadline
15.06.2018
Von
Jörg Ulbert

L’intérêt marqué depuis une décennie pour la fonction consulaire a conduit à renouveler en profondeur notre compréhension de cet acteur essentiel des échanges marchands, diplomatiques et culturels en Europe méditerranéenne et au-delà, depuis le Moyen Âge jusqu’à la période contemporaine. Les différentes approches développées, prioritairement centrées sur la figure du consul, ont néanmoins relégué à la portion congrue la matérialité de l’environnement dans lequel celui-ci évolue. Or cette dernière conditionne une part importante de son activité.
Dans l’environnement matériel du consul, sa résidence occupe une place de choix. Exception faite du cas particulier des fondouks du Levant et de Barbarie, son étude n’a jamais été menée de façon systématique et se limite à de très rares éclairages locaux, souvent déjà anciens et presque exclusivement cantonnés aux aspects architecturaux. De fait, ces bâtiments sont des « maisons » au sens premier du terme, dont la location comme l’ameublement et l’entretien constituent des charges récurrentes pour les consuls – et en tout cas l’une de celles qui suscitent le plus de récriminations de la part des agents, dont la professionnalisation progressive comme le souci de représenter dignement la puissance mandataire s’accompagnent d’exigences croissantes en matière de confort et de décorum. Ce sont également des « maisons » au sens second : l’ensemble du personnel au service du consul, de ses parents et alliés, la domesticité étant d’ailleurs elle-même, jusqu’au début de l’époque contemporaine, incluse dans la « famille » dont le consul est le maître, sur le modèle – qu’il faudra certainement examiner – des maisons aristocratiques, avec ce que cela suppose de réflexion sur la distinction entre affaires publiques et privées.
Espace complexe qui combine lieux de résidence et de réception voire d’apparat, la maison consulaire accueille le consul, sa famille et leur suite, ainsi qu’un large éventail d’acteurs plus ou moins établis en ses murs : un chancelier, un drogman ou interprète, un chapelain, parfois un prévôt ou huissier de justice, un commis de la trésorerie, des gardes armés tels que des janissaires ou cavas, et diverses sortes de domestiques (les employés aux écritures pouvant d’ailleurs appartenir aussi à cette catégorie). Sa fréquentation régulière par une foule bigarrée d’acteurs locaux et « nationaux » en fait ainsi un observatoire de choix sur les relations sociales entre ces différentes populations, qui se cristallisent jusque dans les détails de l’organisation des bureaux : emplacement des affiches où sont exposés les tarifs, mais aussi des archives, saint des saints consulaires, ou encore disposition des tiroirs où sont renfermés les papiers privés et publics, tout cela est source de litiges, et donc de documentation mais aussi, à la fin de la période, de réglementation. La maison consulaire invite également à penser à nouveaux frais la question de l’extraterritorialité, qui constitue un enjeu important de l’encadrement juridique et politique de ces résidences.
Au-delà de la double dichotomie public/privé et local/étranger qui la caractérise, la maison consulaire se singularise également par sa localisation dans l’espace urbain. La préférence accordée aux principales artères et autres places centrales conduit le plus souvent à la concentration des consulats dans des périmètres très restreints, comme par exemple dans le quartier franc de la Médina de Tunis ou aux abords des quais d’Izmir dans les années 1880. De tels regroupements interrogent évidemment la nature comme la densité des relations de voisinage, de concurrence ou de solidarité qui se nouent entre les occupants de ces différents lieux. Ils accentuent également la visibilité de ces bâtiments dans l’espace urbain, déjà sensible par le fait que chacun d’eux arbore généralement sur sa façade les armes et le drapeau de la puissance étrangère dont il accueille les représentants. En retour, cette visibilité contribue à l’occasion à fragiliser leur position dans certains contextes délicats, notamment lorsqu’elle fait d’eux des cibles de choix en cas de conflits militaires ou d’émeutes urbaines. Enfin, la maison consulaire peut aussi se transformer en forteresse, voire en prison : ainsi des épidémies de peste, véritables fléaux en Méditerranée orientale à l’époque moderne, dont chaque occurrence a pour effet de cloîtrer les consuls chez eux, parfois accompagnés d’une partie de leur « nation » respective. En réaction, de nombreux consuls actifs dans la région acquièrent des résidences secondaires dans l’arrière-pays des villes où ils sont en poste, et dans lesquelles ils se retirent à la première alerte.
C’est l’ensemble de ces fils que cette enquête ambitionne de saisir, au service d’une histoire totale de la maison consulaire qui ne se limite pas à en faire un simple théâtre de marionnettes, mais lui redonne toute sa place dans la dynamique d’autonomisation de la fonction voire de la « raison consulaire » qui se joue entre le Moyen Âge et la période contemporaine. Nous invitons donc des contributions qui portent sur l’architecture de ces lieux, sur leur implantation dans l’espace urbain, sur les modalités de leur occupation par le consul et sa maisonnée, sur leur rôle social, sur les relations entre consulats d’une même ville ou encore sur les formes et les limites du régime d’extraterritorialité.

Programm

Kontakt

jorg.ulbert@gmail.com

https://www.academia.edu/34783647/Appel_à_communications._La_maison_consulaire_espaces_fonctions_et_usagers_Moyen_Âge_époque_contemporaine_-_Albi_10_mai_2019
Redaktion
Veröffentlicht am
Autor(en)
Beiträger
Klassifikation
Region(en)
Weitere Informationen
Land Veranstaltung
Sprach(en) der Veranstaltung
Französisch
Sprache der Ankündigung