Penser la ville : politique, pouvoir, culture

Penser la ville : politique, pouvoir, culture

Veranstalter
EHESS Paris
Veranstaltungsort
Ort
Paris
Land
France
Vom - Bis
08.07.2012 - 22.07.2012
Deadline
30.04.2012
Von
EHESS Paris

La ville s’est imposée au long de l’histoire moderne et contemporaine comme lieu central de l’expérience de la vie sociale, politique et culturelle des hommes. Ceci vaut tout particulièrement pour la ville-capitale, dont le profil est indissociable du devenir de la question démocratique comme forme de pouvoir et de contre-pouvoir et comme symbole de l’unité nationale et des diverses modalités de l’identité culturelle (notamment religieuse, scientifique, artistique…). La ville-capitale fait ainsi émerger des rapports sociaux qui lui sont propres et qui sont directement liés à sa fonction comme lieu de pouvoir politique et tenant-lieu du corps social comme tel.

Le terrain d’études sera la ville de Paris. Du fait du centralisme politique et culturel que la République a repris de l’absolutisme royal, la ville de Paris est en effet, parmi les capitales modernes et contemporaines, une de celles qui remplit sous la forme la plus « pure » la fonction symbolique de la ville-capitale conçue à la fois comme lieu où (et à partir d’où) s’exercent le pouvoir et le contrôle démocratique et comme incarnation condensée (réelle ou imaginaire) de l’identité nationale et culturelle.

Cette fonction symbolique a produit notamment une très forte théâtralisation des rapports sociaux, politiques et culturels qui font de Paris une ville qui non seulement se donne à « lire » mais encore « spectacularise » l’exercice du pouvoir et des contre-pouvoirs, ainsi que la mise en œuvre de la dimension culturelle. Les traces sédimentées de la théâtralisation du pouvoir et de l’exercice de la démocratie, ainsi que de l’institutionnalisation et patrimonialisation de l’« identité » culturelle se lisent notamment dans l’architecture et l’urbanisme, pétrifications particulièrement « parlantes » du rapport social. Mais la ville réelle ne coïncide jamais avec la ville « légitime » : sous le symbole de l’identité nationale on découvrira la ville plurielle des négociations territoriales et politiques qui mettent en relation le pouvoir et la représentation politique avec des groupes sociaux divers et des communautés d’origines diverses. La ville réelle est toujours irriguée par les initiatives, doléances et protestations qui interrogent ou contestent la ville « officielle », que ce soit dans le champ politique, social ou culturel.

Appuyé sur une leçon inaugurale consacrée à la question de la démocratie en Europe, et ancré dans des études de terrain qui permettront de mettre à l’épreuve les acquis théoriques, le programme propose une véritable formation pluridisciplinaire qui permet aux étudiants d’acquérir des compétences pointues dans le champ complexe de l’étude de la ville moderne et contemporaine comme lieu politique, social et culturel.

L’école d’été s’adresse aux doctorants en histoire, en sciences politiques, en sociologie et en anthropologie, mais aussi à ceux poursuivant une recherche dans le domaine de la culture, des arts et de la littérature.

L'enseignement, donné en français, pourra faire l’objet d’une validation en 12 ECTS.

Les étudiants seront hébergés à la Cité internationale universitaire de Paris. Les frais d’inscription, d’un montant de 1500 €, comprennent l’enseignement et les diverses visites ainsi que l’hébergement et les dîners d’accueil et de clôture.

Programm

Dimanche 8 juillet

16h : Accueil à la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP), 14° arrondissement
19h : Cocktail dînatoire

Lundi 9 juillet

10h-12h : De la démocratie en Europe, leçon inaugurale, Pierre Manent
On s'attachera à montrer que l'extension du cadre de la démocratie – de la nation à l'Europe – s'accompagne d'une profonde transformation de son sens. Il s'agit de passer du gouvernement représentatif, qui est aussi le gouvernement de la loi intérieure, à la gouvernance des règles, règles dont la validité est en principe ou tendanciellement mondiale. Jusqu'où ce processus peut-il se poursuivre ? Avec quelles conséquences ?
Assemblée nationale – 126, rue de l'Université, Paris 7e
Bibliographie
- Pierre Manent, La raison des nations. Réflexions sur la démocratie en Europe, Gallimard, 2006.
14h - 16h : Visite de l’Assemblée nationale

Mardi 10 juillet

10h-12h : De la musique comme institution au cœur de la ville, Esteban Buch
La création par les pouvoirs publics d'institutions spécifiquement consacrées à la musique fait partie d'une histoire de la gestion du sonore par l'État qui remonte au moins à la République de Platon. Dans la France de la deuxième partie du vingtième siècle, cette tradition a rejoint une forme de politique culturelle qui tend à penser les arts comme une ressource pour la démocratie. La création de l'Ircam par Pierre Boulez en 1974 participe de cette configuration qui veut que la création soit protégée à la fois des aléas du marché et de ceux de l'administration, tout en l'adaptant à la situation particulière de l'avant-garde musicale. En mariant la production artistique et la recherche technologique, cette institution tâche de faire converger en son sein les deux révolutions qui auront défini la musique savante du vingtième siècle: l'atonalisme, l'électricité.
Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (IRCAM) – 1, place Igor-Stravinsky, salle Stravinsky, Paris 4e
Bibliographie
- Jonathan Goldman, The Musical Language of Pierre Boulez, Cambridge University Press, 2011
- Esteban Buch, « La recherche musicale à l’Ircam », Centre Pompidou : trente ans d’histoire, Bernadette Dufrêne éd., Paris, Centre Pompidou, 2007, p. 92-97
- Georgina Born, Rationalizing Culture. IRCAM, Boulez, and the Institutionalization of the Musical Avant-Garde, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, 1995.
14h-16h : Visite de l'IRCAM

Mercredi 11 juillet

10h-12h : Les écritures de la contestation, prendre la rue aujourd'hui, Béatrice Fraenkel
La ville de Paris est associée à des évènements historiques révolutionnaires, en particulier la Révolution Française, la Commune de Paris, les événements de Mai 68. Peut-on pour autant parler d’une culture parisienne de la révolte urbaine ? Nous examinerons cette question en nous appuyant sur les travaux novateurs d’histoire des manifestations (Tilly 1986, Tartakowski & Fillieule 2008) qui ont donné toute leur importance à l’analyse des formes concrètes des luttes. Dans cette perspective, nous souhaitons ouvrir le dossier des écritures de combat. Affiches, banderoles, tracts, papillons, journaux muraux, graffitis : telles sont les formes principales de l’écriture en révolte. Quelle place prennent ces écrits au cœur de l’action ? Comment agissent-ils dans la rue parisienne ? Que nous apportent les témoignages des acteurs, révolutionnaires, communards, militants de 68, féministes ? Nous proposerons à la discussion une analyse anthropologique de plusieurs dossiers d’archives.
EHESS – 190-198, avenue de France, salle 3, Paris 13e
Bibliographie :
- Fraenkel B., 2011, Nos drapeaux sont des foulards à fleurs ! Les manifestations du MLF, in 40 ans de slogans féministes 1970-2010, Paris, Éditions Ixe
- Fraenkel B., 2010, Writing Acts : When Writing Is Doing, in Barton D. and Papen U. (eds.) The Anthropology of Writing, London-New York, Continuum, p. 33-43
- Fraenkel B., 2008, Les affiches en mai 68 : l’atelier populaire des Beaux-Arts , in Artières P. et Zancharini-Fournel M. (eds), 68, une histoire collective, Paris, La Découverte, p. 276-281
14h-16h : Visite du fonds d’archives de rue, Valérie Tesnière
La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, référence en matière d'histoire contemporaine, conserve dans ses archives de très nombreux tracts et affiches. Généralement interprétées comme des outils de propagande, ces sources peuvent l'être aussi comme des traces éphémères de l'action politique en milieu urbain. C'est sous l'angle des pratiques (production, diffusion, réception) que l'on se propose de présenter divers matériaux conservés par le musée de la BDIC à l'Hôtel national des Invalides, depuis les affiches de la Commune de Paris jusqu'aux tracts des mouvements résistants durant les deux guerres mondiales ou des combats militants actuels. La présentation s'inscrit dans le cadre de la préparation d'une exposition qui s'ouvrira à partir d'octobre prochain.
Bibliothèque de documentation internationale contemporaine – Hôtel national des Invalides, 129, rue de Grenelle, Paris 7e
Bibliographie :
- Orages de papier, les collections de guerre des bibliothèques, Somogy, 2009
- URSS fin de parti (e), les années Perestroïka, Fages, 2011
- Catalogues des deux dernières expositions de la BDIC

Jeudi 12 juillet

10h-12h : La littérature française, une histoire parisienne ?, Dinah Ribard
L’objet de cette séance est de réfléchir sur les liens entre l’histoire qui a donné au terme littérature le sens qu’il a aujourd’hui – pour nous, la littérature est une activité de création à visée principalement esthétique, et l’ensemble des ouvrages qui en sont issus – et le rôle social et politique de Paris entre XVIIe et XIXe siècle. Travailleurs et entrepreneurs du livre, institutions littéraires, journaux, multiples lieux de la critique, en France, sont concentrés dans la capitale depuis le XVIIe siècle. Mais Paris est surtout le site du pouvoir politique, et l’histoire qui a dégagé de leurs autres compétences, puis transformé une compétence éventuelle des gens de savoir, la connaissance des « belles » lettres, en travail créateur, est aussi une histoire politique.
EHESS – 190-198, avenue de France, salle 3, Paris 13e
Bibliographie
- Judith Lyon-Caen & Dinah Ribard, L’historien et la littérature, Paris, La Découverte, Coll. repères, 2010 (incluant une bibliographie importante)
14h-16h : Visite de la Maison de Balzac

Vendredi 13 juillet

10h-12h : Paris capitale. Une lecture politique de l’espace parisien (XVIIIe-XXe siècles), Isabelle Backouche
L’approche historique d’une capitale telle que Paris, dans un contexte de forte centralisation, revient à envisager de façon solidaire les rôles qu’elle a joués sur le plan politique et les transformations successives de l’espace parisien. La confusion trop fréquente entre l’histoire nationale et l’histoire de la capitale aboutit à occulter la dimension proprement urbaine de ces phénomènes que nous tenterons de mettre en relief. À cet égard, l’analyse des rythmes de la construction de Paris du point de vue physique sera précieuse dans la mesure où les nombreux projets urbains, la croissance de la ville, ou encore les aménagements édilitaires sont partie prenante de la domination qu’exerce la capitale. Le statut de capitale combine à la fois la dimension de modèle et de singularité, imposant tout autant l’exemplarité de la ville et sa position exceptionnelle. On montrera comment Paris répond à cette double exigence en abordant cette question de façon dynamique sur plusieurs siècles.
Centre Historique des Archives Nationale, Hôtel de Soubise – 60, rue des Francs-Bourgeois, salle d’albâtre au CARAN, Paris 3e
Bibliographie
- Agulhon Maurice, « Paris, la traversée d’est en ouest », Lieux de Mémoire, Les France, III, 3, 1992.
- Chadych, Danielle, Atlas de Paris : évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, 1999
- Charle Christophe, Paris fin de siècle. Culture et politique, Paris, Seuil, 1998.
- Favier Jean, Paris : deux mille ans d'histoire. Paris, Fayard, 1997
- French Historical Studies, Vol 27, n° 1, hiver 2004, numéro spécial sur Paris
14h-16h : Culture funéraire et mort au combat en 1914-1918, Stéphane Audoin-Rouzeau
Au début des années 1920, la loi française autorisa les familles qui avaient perdu un de leurs proches pendant la Grande Guerre à faire rapatrier les corps vers les cimetières de l'intérieur. 300.000 corps quittent ainsi les grandes nécropoles des champs de bataille pour rejoindre les caveaux familiaux. Le cimetière du Montparnasse, à Paris, en accueille un grand nombre. Souvent, c'est un vrai monument au mort – un mari, un fils, un frère – qui a été érigé. Nous regarderons ces tombes comme autant d'objets témoignant de la mort de masse en 1914-1918, et nous questionnerons à travers elles la profondeur du deuil personnel pendant l'entre-deux-gerres.
Cimetière du Montparnasse – Paris 14e
Bibliographie
- Stéphane Audoin-Rouzeau, Cinq deuils de guerre, 1914-1918, Paris, Noesis, 2001.
- Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18. Retrouver la guerre, Paris, Gallimard, 2000. [En anglais : 1914-1918. Understanding the Great War, Londres, Profile Books, 2002].

Lundi 16 juillet

10h-12h : Territoires du catholicisme à Paris, Danièle Hervieu-Léger
La France, dont la culture a été modelée dans la très longue durée par la présence hégémonique de l'Église catholique romaine, est aussi l'un des pays les plus sécularisés du monde. Cependant, si beaucoup d'églises rurales restent fermées le dimanche faute de prêtres et de pratiquants, les églises urbaines – à Paris notamment – sont loin d'êtres vides, et il arrive même qu'on en construise de nouvelles. Ces lieux abritent désormais des formes de sociabilité religieuse qui s'écartent des formes traditionnelles de la sociabilité paroissiale. Ils sont, à ce titre, des révélateurs privilégiés des mutations contemporaines de la religiosité. La visite de trois de ces églises (Saint-Eustache, Saint-Gervais, Notre-Dame de Pentecôte à la Défense) permettra ainsi d'illustrer la réflexion sociologique proposée, à partir du cas catholique, sur les reconfigurations du religieux dans une société de haute modernité.
Bibliographie :
- C. Muller, J.-R. Bertrand, Où sont passés les catholiques? Une géographie des catholiques en France, Paris, DDB, 2002
- C. Béraud, Prêtres, diacres, laïcs. Révolution silencieuse dans le catholicisme français, Paris, PUF, 2007
- D. Hervieu-Léger, Le pèlerin et le converti. La religion en mouvement, Paris, Flammarion, 1999; (Coll. Champs, 2001)
- D. Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin d'un monde. Paris, Bayard, 2003
EHESS – 190-198, avenue de France, salle 3, Paris 13e
14h-16h : Visite commentée des églises de Saint-Eustache, Saint-Gervais et la Défense

Mardi 17 juillet

10h-12h : Lever l’immunité fictionnelle des héros de série, Sabine Chalvon
Les transformations de l’imagination sociale s’opèrent sur un périmètre bien plus ample que l’espace d’immersion fictionnelle. Le propre des héros de séries télévisées (HST) est de se constituer en personnages de compagnie, et de partager avec leur spectateurs un espace de familiarité où les héros et leurs publics interagissent ensemble sur une période longue. Au sein de ces mondes familiers, l’imagination est travaillée sur un mode dialogique, et envisage l’ensemble de la vie. Le propre des familiarités est de ne pas situer le commun dans les seuls débats, mais plus fondamentalement dans des évidences d’arrière-plan que les séries contribuent à installer et qui sont en partie réinvesties dans les attentes à l’égard de la vie quotidienne. Si tel est le cas, si Mad Men contribue à liquider toute nostalgie à l’égard des années 60, si les patients arrivant dans les services hospitaliers sont déçus de ne pas rencontrer le dévouement auquel les médecins d’Urgences les avaient préparés, si les policiers sont constamment, dans l’exercice de leur travail, confrontés à des attentes générées par les policiers des séries, si Jack Bauer met à la disposition du public, et sans réplique, l’ensemble argumentaire qui justifie la torture, il faut inventer des formes de critiques qui soient mieux ajustées à ce que sont et ce que font les héros de séries télévisées, saisis à partir du type de liens que leurs publics entretiennent avec eux. EHESS – 190-198, avenue de France, salle 3, Paris 13e
Bibliographie :
- Sabine Chalvon-Demersay, Enquête sur l'étrange nature du héros de série télévisée, Réseaux, 29/165 (« Les séries télévisées »), 2011.
14h-16h : Visite du studio d’animation Marathon Media

Marathon Media – 1 rue des Déchargeurs, Paris 1e

Mercredi 18 juillet

10h-12h : La gastronomie : une clé de lecture des évolutions récentes de la société chinoise ?, Françoise Sabban
L’art de « bien manger » et de savoir en parler, autrement dit la gastronomie, était un sujet banni de l’expérience maoïste. Les Chinois, des travailleurs au service de leur patrie, devaient consacrer toute leur énergie et l’intégralité de leur temps à l’édification du socialisme. Manger n’ayant qu’un but fonctionnel, celui de permettre la reproduction de la force de travail, le loisir de manger pour le plaisir était assimilé à un vice condamnable, relevant d’une propension à la décadence bourgeoise. Avec la Réforme de la fin des années 1978, on assiste à un retournement complet des valeurs en matière d’alimentation et de cuisine. Le gouvernement chinois va, à partir de 1980, s’employer à redorer le blason d’une profession sinistrée, celle de cuisinier, et parallèlement encourager les activités agro-alimentaires au point qu’elles deviendront l’un des secteurs les plus prospères de la nouvelle économie chinoise. Dans ce séminaire on s’attachera à appréhender les articulations sensibles de cette évolution, à identifier l’ancrage historique de ce mouvement et à reconnaître les aspirations d’une clientèle urbaine qui ne demandait qu’à consommer et à dépenser plus pour bien manger.
EHESS – 190-198, avenue de France, salle 3, Paris 13e
Bibliographie :
- Jarasova, Helena, "Le statut du corps et ses conséquences idéologiques, esthétiques et alimentaires dans les pays tchèques au XXè siècle", in Audoin-Rouzeau Frédérique et Françoise Sabban, Un aliment sain dans un corps sain. Perspectives historiques, Presses Universitaires François Rabelais, Tours, 2007.
- Sabban, Françoise, "Art et culture contre sciences et technique. Les enjeux culturels et identitaires de la gastronomie chinoise face à l'Occident", L'Homme, 1996, 137, janvier-mars, pp. 163-194. Texte intégral disponible en ligne sur Persée
14h-16h : Visite de l’exposition « Les séductions du palais : Cuisiner et manger en Chine
Musée du Quai Branly – 37, quai Branly, Paris 7e

Jeudi 19 juillet

10h-12h : Qui gouverne sous la Ve République ?, Marc Olivier Baruch
Pour des raisons conjoncturelles, nées des conditions dans lesquelles il arriva au pouvoir à la mi-1958, le général de Gaulle, aidé de son ministre de la justice Michel Debré, inventa un régime politique étrange, connu depuis lors sous le nom de Cinquième République. Dans un mélange unique au monde, il se caractérise par une Constitution susceptible aussi bien d'une lecture présidentialiste que parlementariste, en même temps qu'il confie le pouvoir exécutif à un double attelage, Président de la République et Premier ministre. La gauche s'y opposa d'abord puis s'y rallia dès 1965 sous l'influence de François Mitterrand. Deux fois élu président de la République pour sept ans, en 1981 et 1988, ce dernier sut tirer le meilleur parti d'un système pourtant taillé sur mesure pour de Gaulle. Plus d'un demi-siècle après la mise en place de cette Constitution, que nul ne remet en cause aujourd'hui, sinon à la marge, il n'est pas illégitime de se demander si ce système, qui se révèle aussi déséquilibré que complexe, constitue le moyen le plus efficace, le plus économique et le plus démocratique de gouverner un pays moderne. Il est donc nécessaire, à cette fin, de se demander qui gouverne réellement la France de la Cinquième République.
École nationale d’administration (ENA) – 2, avenue de l'Observatoire, salle 004, Paris 6e
14h-16h : Visite du ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie
139 rue de Bercy 75012 Paris, Paris 12e
Bibliographie :
- Jacques Attali, Verbatim, Paris : R. Laffont, 2 vol., collection Bouquins, 2011.
- Philippe Bezes, Réinventer l'Etat : les réformes de l'administration française (1962-2008), Paris : Presses universitaires de France, 2009.
- Michel Debré, Trois républiques pour une France, vol. 3, Gouverner, 1958-1962, Paris : A. Michel, 1988.
- Pierre Grémion, Modernisation et progressisme : fin d'une époque : 1968-1981, Paris : éd. Esprit, 2005.
- Pierre Lascoumes et Patrick Le Galès, Gouverner par les instruments, Paris : Presses de Sciences Po, 2004.
- Alain Peyrefitte, C'était de Gaulle, Paris, Gallimard, collection "Quarto", 2002.

Vendredi 20 juillet
10h-12h : Du château de Versailles au Palais de l'Élysée : le président de la République est-il le roi de la République ?, Christophe Prochasson
Du président de la République, on dit parfois en France qu’il présente tous les traits d’un monarque à peine maquillé. Sous la Deuxième République (1848-1852), élu au suffrage universel direct, le Président, Louis-Napoléon Bonaparte, se mua en empereur pour deux décennies. De retour au pouvoir, les républicains réduisirent le Président à l’état d’une figure presque purement symbolique. Sous la Cinquième République, la fonction présidentielle retrouva du poids politique. Elle n’avait jamais perdu son caractère majestueux : le Président séjourne dans un Palais parisien, à l’Élysée, se trouve entouré d’une domesticité d’État sans cesse plus imposante, entretient avec ses concitoyens-sujets des relations qui ne sont pas sans évoquer une certaine geste royale, notamment lors de ses déplacements en province. Il n’est donc pas tout à fait impertinent d’inscrire la charge présidentielle dans une histoire longue des pouvoirs qui passe par une attention portée aux espaces utilisés : Paris, espace dominant, la province, espace à conquérir.
Château de Versailles, Auditorium – Place d’armes, Versailles
Bibliographie :
- Avner Ben Amos, Funerals, politics and memory in modern France, 1789-1996, Oxford, Oxford University Press, 2000.
- Jacques Julliard (dir.), La mort du roi. Essai d’ethnographie politique comparée, Paris, Gallimard, 1999.
- Nicolas Mariot, Bains de foule. Les voyages présidentiels en province, 1888-2002, Paris, Belin, 2006.
14h-16h : Visite du château de Versailles

Kontakt

Joëlle Busuttil
EHESS Paris
joelle.busuttil@ehess.fr

http://www.ehess.fr/ecole-ete/