Frontières et espace transfrontaliers, une approche environnementale

Frontières et espace transfrontaliers, une approche environnementale

Veranstalter
Université de Haute-Alsace (Centre de Recherche sur les Economies, les Sociétés, les Arts et les Techniques)
Ausrichter
Centre de Recherche sur les Economies, les Sociétés, les Arts et les Techniques
Veranstaltungsort
16, rue de la Fonderie
PLZ
68100
Ort
Mulhouse
Land
France
Vom - Bis
22.01.2021 - 15.04.2021
Deadline
15.04.2021
Von
Guido Braun, Faculté des sciences économiques, sociales et juridiques, Université de Haute-Alsace Mulhouse

Numéro thématique de la Revue du Rhin supérieur

Frontières et espace transfrontaliers, une approche environnementale

Après une éclipse apparente dans les années 1990, promptes à annoncer l’avènement d’un monde de flux et de libre-circulation, les frontières semblent aujourd’hui s’imposer dans le débat public, se multiplier sur le terrain et se diversifier dans leurs manifestations. Ces évolutions ont naturellement interpellé les sciences humaines et sociales qui interrogent dès lors les frontières et les espaces transfrontaliers à nouveaux frais. La Revue du Rhin supérieur leur consacre un numéro thématique.

Par-delà leur diversité, ces travaux – qui tendent à se structurer sous la bannière des border studies – ont en commun de questionner et de remettre en perspective la place et le rôle des États dans le processus sans cesse renouvelé et changeant de fabrication des frontières en prenant en compte d’autres temporalités, d’autres échelles ou encore d’autres acteurs. La notion européenne de souveraineté qui émerge au XVIIe siècle pour être reconnue par les traités de Westphalie de 1648 est ainsi mise en perspective et nuancée. Cela conduit par exemple à revenir sur la dichotomie souvent durcie entre les frontières d’un Empire et celles d’un État-nation au XIXe siècle ou de se pencher sur les conditions effectives d’exercice de la souveraineté sur un territoire donné. Plus largement, ces études invitent à repenser les dynamiques de morcellement et d’intégration par une approche des circulations transfrontalières.
Ce dossier de la Revue du Rhin Supérieur voudrait contribuer à cette dynamique de renouvellement en envisageant les frontières et les espaces frontaliers sous un prisme environnemental. En explorant les pistes ouvertes par l’histoire environnementale et la political ecology, cet appel à contributions voudrait inviter à la réflexion sur les interactions entre humains et non-humains dans ces espaces spécifiques. Il s’agira à la fois de comprendre ce que les frontières font au vivant mais aussi la part du vivant dans la fabrication des frontières. Ces perspectives impliquent de se pencher sur la matérialité de ces espaces mais aussi sur les flux qui les parcourent de manière contrôlée ou non. Il s’agira également de se pencher sur les dynamiques transfrontalières fondées sur des enjeux environnementaux, que l’on pense aux pluies acides dans les régions industrielles et minières ou aux controverses fameuses autour du nuage de Tchernobyl.
Cette réflexion sur les approches environnementales des frontières et des espaces transfrontaliers pourrait se décliner en trois axes distincts.
Conflits, tensions et coopérations environnementales
De la même manière que les débordements industriels sont susceptibles de dépasser les murs des usines, ils peuvent également se jouer des frontières et induire des tensions entre des acteurs relevant d’États différents. Dès le XIXe siècle, alors que les pollutions sont peu à peu construites en problèmes publics manifestes, ces épisodes peuvent révéler des cultures environnementales ou encore des législations divergentes. Dans une période où la thématique des « frontières naturelles » connait un grand succès et concourt à l’institution d’un territoire national, il serait intéressant d’analyser comment cette limite alors mise en échec par un débordement est reconsidérée.
Dépassant plus largement l’exemple industriel, les border studies soulignent combien peut être grand l’écart entre une limite tracée sur une carte et la réalité de l’administration de zones frontalières, par définition périphériques. Il faudrait alors s’interroger sur les conséquences de cette situation sur la gestion des ressources, qui peut aussi bien conduire à des attitudes prédatrices peu régulées du fait de cette situation géopolitique spécifique ou à des flux valorisant les complémentarités.
Ainsi, une attention toute particulière pourra être portée aux enjeux environnementaux concernant un espace partagé par deux entités étatiques différentes. Comment deux États ou deux collectivités relevant d’États différents gèrent-ils un fleuve commun, une ressource partagée ou à l’inverse une pollution ou un même sinistre qui les affecteraient à des degrés divers ?
Coopération et tension ne sont d’ailleurs pas exclusives l’une de l’autre tant les acteurs impliqués peuvent être variés. Au-delà des États et de leurs agents sur le terrain, des militants et des mouvements politiques peuvent être impliqués dans ces processus. Sur ce point, si les mobilisations transfrontalières des années 1970 dans le fossé rhénan sont désormais bien connues, il faudrait s’interroger sur les phénomènes observables pour des périodes antérieures ou postérieures.
Projets de refonte des frontières et enjeux environnementaux
Dans la perspective d’une approche environnementale du politique, l’étude des projets de refonte des frontières reposant sur des arguments ou sur des motivations environnementales semble ici pertinente. Ainsi, dès le XVIe siècle, le paysage a pu être un support à la construction de la différence entre les groupes, l’une des matrices à un discours sur « nous » et les « autres ». De même, dans l’Afrique postcoloniale, le thème de la spécificité environnementale de certains territoires est mobilisé pour durcir une frontière ou intégrer un espace périphérique ou ayant des caractéristiques distinctes de la communauté nationale. Il semble également nécessaire d’envisager les implications environnementales du bouleversement des frontières, tout particulièrement dans des régions comme celle du Rhin supérieur marquée par d’importantes évolutions dans le tracé de ses frontières.
Enfin, si le biorégionalisme est né à San Francisco en imaginant la Cascadia indépendante (qui irait du nord de la Californie à la Colombie britannique), d’autres projets ont pu concerner l’espace européen pour proposer la constitution de « biorégions » où le vivant –humain et non humain – adopterait des formes de vie adaptées à son milieu. Plus ou moins aboutis et reposant sur des motivations politiques diverses, ils permettent aussi d’envisager l’approche environnementale des frontières sous l’angle des géographies imaginaires.
Un tel point de vue permettrait de sortir d’une approche de la fabrication des frontières qui ferait des États les acteurs essentiels sinon uniques du processus pour élargir le spectre des acteurs concernés : penseurs et militants, stratèges militaires et acteurs économiques ou encore habitants d’un espace donné.
Une approche environnementale des effets frontières
Un dernier axe conduirait à s’intéresser aux frontières à grande échelle pour comprendre les dynamiques propres à ces espaces spécifiques caractérisés par des équipements particuliers, traversés de flux parfois intenses ou contraints, régulés ou informels. De cette situation, de nombreux effets frontières ayant une dimension environnementale peuvent survenir.
Ainsi, les tensions persistantes entre les deux Corées ont conduit à l’apparition dans la zone dite démilitarisée d’une réserve naturelle improbable et toujours menacée. À l’inverse, la construction du mur de séparation entre les États-Unis et le Mexique sous les auspices de l’administration Trump s’est traduite par des pompages massifs dans l’aquifère du sud de l’Arizona menés par des entreprises sous-traitantes du Department of Homeland Security pour satisfaire leurs besoins en béton. Cette situation met en danger la biodiversité locale malgré les alarmes d’autres agences gouvernementales états-uniennes et des associations locales, montrant ainsi combien des acteurs différents, humains et non-humains, sont concernés par ces effets frontières.
Les articles (compris entre 30.000 et 45.000 caractères) sont à envoyer au plus tard le 15 avril 2021 à l’adresse suivante : revuedurhinsuperieur.cresat@uha.fr
Les auteurs intéressés sont invités à contacter les coordinateurs du dossier thématique pour toute question qu’ils souhaiteraient poser.
Les contributions, issues de l’ensemble des disciplines constitutives des sciences humaines et sociales, seront soumises à une évaluation en double aveugle. Les auteurs sélectionnés seront avertis début juin et devront envoyer leur article définitif avant le 15 juillet 2021 pour une publication en novembre 2021.

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